Sansgodasse, le retour...

Il m'est arrivé un grave accident il y a de ça 1 an qui a failli me coûter la vie... Je me suis retrouvé à l'hôpital, cassé de partout. Heureusement pour moi, je n'ai eu que des os de brisés... Mais en mille morceaux. Du coup ce fut long et douloureux pour pouvoir réparer tout ça...

Niveau équipement externe, pour faciliter la guérison, j'étais plutôt bien fourni : un plâtre à la jambe gauche, une attelle et un fixateur externe hybride à la jambe droite, un corset-minerve et une écharpe pour maintenir mon bras gauche. Quand à l'intérieur, j'étais (et suis toujours en fait) rempli de vis.

J'ai découvert les "joies de l'alitement à l'hôpital" pendant 1 mois où toutes les choses anodines comme se nourrir, se laver ou faire ses besoins sont à chaque fois une épreuve... Le pire, c'était de ne plus pouvoir se déplacer et de voir tous les jours les mêmes murs.

A l'hôpital
A l'hôpital... Galère.

J'ai ensuite été transféré dans un centre de rééducation (ou irr pour les intimes) où j'ai progressivement réappris à me mettre debout puis à marcher en béquilles. J'ai essayé de me mettre pieds nus, mais c'est interdit dans le milieu médical... Du coup j'ai porté des chaussures minimalistes.

A l'irr debout en béquilles A l'irr pieds nus
A l'irr : enfin debout ! J'en profite pour me mettre pieds nus... Mais ce n'est pas toléré dans le milieu médical.

Petite astuce que j'ai appris à l'irr pour marcher avec les béquilles, faire un "pas simulé". C'est pas évident au début mais ça permet de garder au maximum un schéma de marche correct. L'idée est de poser le pied par terre et faire comme si on marchait normalement, mais sans mettre aucun poids dessus.

Dans ce centre, j'ai fais la connaissance d'autres patients avec qui je me suis lié d'amitié. Notre petit groupe fut un super tremplin pour prendre du recul sur ma situation et surmonter les difficultés de la rééducation ! Ensemble on se soutenait dans les moments de doute et on se retrouvait tous les soirs pour discuter et s'encourager.

La fine équipe !
A l'irr : la fine équipe !

Après 5 mois passés dans le centre de rééducation, j'avais atteint un niveau d'autonomie suffisant pour pouvoir rentrer chez moi. Je n'avais plus de corset, je pouvais me laver tout seul mais j'avais toujours le fixateur externe à la jambe. Je pouvais marcher presque normalement (enfin en vrai je boitais carrément à cause du fixateur qui me gênait) et presque sans béquilles (par contre j'avais mal au niveau des tiges du fixateur à chaque pas, du coup je gardais les béquilles pour me soulager). Du coup j'alternais entre un fauteuil roulant pour avoir les mains libres et les béquilles. Il me fallait attendre encore 1 mois pour savoir si ma jambe est réparée.

A la fin du mois, je passe des radios et le verdict tombe. Le fixateur n'a pas suffit, ma jambe n'est pas réparée. Du coup on prévoit une greffe osseuse (cure de pseudarthrose pour faire celui qui s'y connait) dans 2 mois. On me retire le fixateur pour le confort.

Après la longue attente, l'opération se passe bien, j'ai donc un bout de crête iliaque dans la jambe avec une plaque bardée de vis pour faire tenir le tout. Je dois attendre 6 semaines avant de pouvoir poser le pied par terre et appuyer dessus. D'ici là je garde les béquilles et le fauteuil roulant.

Les 6 semaines ont passé, je revois alors le chirurgien qui m'annonce la bonne nouvelle : la greffe a fonctionné et j'ai droit à l'appui total sur la jambe opérée ! Je retourne alors 1 mois à l'irr pour faire une reprise d'appui progressive.

Aujourd'hui j'ai quitté l'irr définitivement. Il ne me reste que des séances de kiné à faire en libéral. À la maison je réapprends à marcher pieds nus et ça pique ! Mes pieds sont redevenus très sensibles et j'ai l'impression de marcher pieds nus pour la première fois !

Réparé !
Réparé !

Ma reprise de la marche pieds nus se fait lentement mais sûrement, en commençant par la petite route qui passe devant chez moi qui me permet d'alterner entre le bitume rugueux et le bas-côté en herbe plus confortable. Je commence par faire 100 mètres le premier jour, 200 à la sortie suivante et 600 mètres à la troisième sortie. Après quelques balades de 600 mètres, je tente d'aller jusqu'à une petite chapelle située à 800 mètres de chez moi, soit une sortie de 1.6 km. La balade se passe bien, juste une légère sensation de brûlure vers la chapelle. Mes pieds n'ont rien, c'est juste le signe que je ne suis pas encore assez habitué à marcher sur le bitume. Je fais donc une petite pose à la chapelle et la sensation de brûlure disparait très vite. Ce qui me rassure le plus, c'est que je n'ai aucune douleur articulaire malgré tout ce que mon corps a subit. Ça sent bon pour la suite !

Les semaines suivantes j'ai consulté un podologue pour me faire des semelles orthopédiques dans le but de compenser le fait que ma jambe droite s'est raccourcie de 1 cm avec l'accident. J'avoue que vu mon expérience passée avec les podologues, j'étais un peu réticent au début... (voir la page à propos pour comprendre de quoi je parle) jusqu'à ce que je découvre que le podologue en question est un partisan de la course minimaliste ! Du coup il me fait des semelles aux ptits oignons pour mes chaussures minimalistes : évasées au niveau des orteils (la fameuse "toebox"), très fine et très souple, juste 2 petits éléments solides pour mieux solliciter un muscle (j'avoue que j'ai oublié le nom) au niveau de la voute plantaire (pour contrer le fait que j'ai les pieds plats) et une talonnette pour rattraper le centimètre perdu.

Ni une ni deux, je teste les semelles le lendemain. Je pars en balade sur un chemin très caillouteux. Bonnes sensations, les semelles étant fines je sens toujours le sol au travers. Puis soudain je sens une douleur à l'arrière du talon droit... Une ampoule. J'avais oublié que j'étais très sensible aux ampoules (sauf quand je suis pieds nus bien sur)... Du coup je fais demi-tour. Arrivé à la maison, je mesure ma balade sur géoportail : 10 km et aucune douleur articulaire ! Par contre l'ampoule est énorme...

Un peu déçu, je retourne voir le podologue en lui expliquant que la talonnette me crée des ampoules de l'espace. On discute et il m'explique que je peux vivre sans talonnette, c'est juste que mes muscles seront plus sollicités pour compenser le centimètre perdu. Je peux même être pieds nus, mais à la longue mes pieds plats vont avoir une incidence sur mes genoux et je risque de me chopper de l'arthrose à la longue. Pas cool. Du coup il m'a fait une 2ème paire de semelles, sans talonnette cette fois, pour les longues distances.

Bref, vous vous demandez peut-être vers quoi va évoluer le site. Vu que je dois porter des chaussures et des semelles orthopédiques, on est loin du concept initial... C'est vrai que je pourrais renommer le site en SansGodasse-Mais-Avec-Des-Chaussures-Minimalistes-Et-Des-Semelles-Orthopédiques-Fines-Et-Souples.com. Je pourrais. Sisi. Mais non. J'adore trop être pieds nus ! Du coup je vais plutôt alterner entre pieds nus et chaussures minimalistes et je vous raconterai comment ça se passe.

Maintenant je suis en attente d'un rendez-vous pour savoir si ma jambe sera suffisamment consolidée pour me permettre de courir de nouveau... J'ai hâte !

Cette année passée à me retaper fut l'épreuve la plus difficile que j'ai eu à surmonter. J'ai appris beaucoup de chose, à commencé par ne plus me plaindre pour les soucis du quotidien et à relativiser. J'en ai profité pour faire le point sur ma vie et j'ai mis en place tout un tas de projet pour l'avenir. J'ai une patate et un goût pour la vie comme jamais je ne l'ai ressenti avant. Je comprends maintenant tout à fait le proverbe "ce qui ne te tue pas te rend plus fort" !

Un petit mot pour remercier ma famille, mes copains et mon patron qui sont venus me rendre visite à l'hôpital au moment où j'en avais le plus besoin. Merci à vous !